Bref, je suis retournée au bureau…

Bref, je suis retournée au bureau…

Voilà plusieurs semaines que je travaillais à la maison, nous avions réorganisé les espaces de travail pour nous permettre à tous, mon mari, mon fils de 13 ans et moi-même, de travailler tranquillement et de respecter l‘espace de chacun.

Avec un peu de recyclage de table de jardin et l‘achat d‘un peu de matériel, nous voilà équipés pour travailler. Certains jours, surtout les premiers, la connexion internet nous donnait un peu de fil à retordre mais sur ce point la qualité de l’offre s’est très vite améliorée. Bref nous nous sommes confinés…

Je me jette à l’eau, je retourne au bureau.

Et finalement, se confiner a l‘air plus simple que se déconfiner

Il suffisait de pousser le gros bouton rouge qui éteint tout… C‘est brutal mais ce n‘est pas compliqué. Pas de gros bouton vert pour tout redémarrer en revanche, plutôt une multitude de petits interrupteurs qu’on ne sait pas trop dans quel ordre il faut activer ni ce qui va se passer quand on en aura activé un. Aujourd’hui j’aimerais activer le retour au bureau « normal », même si je ne suis plus trop sure de savoir ce que normal veut dire.

J‘ai envie de retourner au bureau, mais tout me parait plus compliqué, prendre le bus, déjeuner à la cantine, conserver les distances réglementaires. Et puis bon je me lance : je mets mon masque, je me rends à l’arrêt de bus. C‘est bon, je suis prête, aujourd’hui je retourne au bureau.

Le bus est relativement vide donc pas trop difficile d‘avoir une place assise et d‘être suffisamment éloignée des autres passagers. Depuis mi-mars, les chauffeurs de bus sont protégés, les passagers ne pouvant pas monter par la porte du chauffeur et les places assises situées directement à proximité du chauffeur étant condamnées.

Après le bus, je dois prendre le ferry pour traverser l‘Elbe et atteindre mon lieu de travail. Le ferry n‘est pas très fréquenté lui non plus, il est possible de rester dehors et donc d‘être à l‘air frais. Jusqu’ici tout va bien…

Rien n’a changé et pourtant tout est différent.

En arrivant sur mon lieu de travail, des directions de circulation sont indiquées au sol… Il n‘y a personne à cette heure-ci qui circule dans l‘autre sens pour se diriger vers le ferry mais qu‘importe, je respecte les flèches sur le sol et arrive jusqu’à mon bureau.

Je n‘y ai pas mis les pieds depuis sept semaines mais rien n‘a changé. Un de mes collègues qui était venu de temps en temps avait arrosé les plantes et laissé entrer la femme de ménage… D ‘ailleurs, les premières heures je ne croise qu‘elle, la femme de ménage. J‘ai l‘impression qu‘à part nous, personne ne se trouve dans notre bâtiment.

Cela change tout de même au cours de la journée, je reste certes seule dans mon couloir mais nous sommes peut-être une dizaine dans le bâtiment. Je croise les autres de temps en temps en allant aux toilettes ou me faire un thé, chaque déplacement hors de mon bureau étant accompagné d’un long lavement de mains.

Les choses se corsent lorsque la faim se manifeste: la cantine est ouverte mais il est déconseillé de rester y manger, sinon tout seul à une table. La configuration du réfectoire n‘étant en soi déjà pas très accueillante, la perspective d‘y manger seule ne m‘enchante pas. Je préfère donc me prendre quelque chose à emporter et retourne manger, seule, dans mon bureau.

Je crois que cela va nous poursuivre encore un moment.

Nous serons certes de retour sur notre lieu de travail mais nous y serons bien plus isolés qu‘avant. À partir de la semaine prochaine, plusieurs de mes collègues vont également revenir mais nous devrons toujours être seuls dans chaque bureau, beaucoup de réunions resteront donc virtuelles…

Mon enthousiasme de départ se voit un peu anéanti… Les petits cafés entre collègues qui viennent souvent ensoleiller les journées de travail me semblent compromis, il faudra aller dehors pour cela vraisemblablement.

La journée est finie, je referme mon bureau, ne dis au revoir à personne et me remets à suivre les flèches pour arriver au ferry, mettre mon masque et me mettre en route pour rentrer chez moi.

Dans le bus du retour, une femme entre avec son enfant dans la poussette. L’enfant est encore petit et ne doit pas porter de masque, il me fait un sourire, je lui souris en retour et me rends compte qu’il ne peut pas voir mon sourire derrière mon masque.

Me voilà rentrée chez moi, où ce n‘était pas si mal finalement …

Crédit image : Caroline Hummels de Pixabay

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