Il serait faux de croire que seule la France est victime d’actes de xénophobie. L’Allemagne souffre tout autant. Le premier anniversaire de l’attentat de Hanau nous le rappelle amèrement.
Durant l´année 2020, l’Allemagne a assisté à une explosion de l’ultranationalisme avec ses visages de haine, de xénophobie, d’antisémitisme de plus en plus virulents .
Vivre la haine tous les jours
Deux étudiants, nés à Hambourg de parents allemands décrivent leur quotidien. De confession juive, ils racontent les discriminations de tout ordre dont ils font l’objet. Ils ne sont pas les seuls, malheureusement, car d’autres personnes de leur communauté en font déjà les frais.
Au menu : agression verbale, physique, mobbing à l’école. Des élèves, dont certains de confession musulmane, attisent la haine alors que des éducateurs ferment les yeux. Des actes qui passent sous silence. Serait-ce par peur de représailles comme nous pouvons l’observer en France ? Effet boule de neige ou pas, des personnes se mettent alors à leur adresser des anathèmes et lancer des insultes sur les réseaux. Pire, ils passent à d´autres actes plus brutaux ceux-ci. Par exemple en s’en prenant à des fidèles contraints de se barricader dans une synagogue, comme à Hanau.
D´où vient cette haine bien souvent propagée sur les réseaux sociaux en Allemagne ?
Cela ressemble à une maladie endémique, un air de déjà-vu comme la période de 1933 à 1945. Allons-nous devoir vivre en Allemagne avec la menace d´une montée inquiétante du terrorisme d´extrême droite alimenté par la rhétorique des populistes, ultranationalistes et démagogues ? La résurgence d’un souvenir outre-Atlantique trop récent ?
L’attentat de Hanau révèle la banalisation de la xénophobie en Allemagne.
Et pourtant en Allemagne, nous avons eu dans le passé d’autres actes de terrorisme de l’extrême droite qui n´ont en rien changé à la passivité de certains organes publics et politiques chargés de la sécurité. Le constat est là : ces actes extrémistes ont été banalisés pendant des décennies, aussi bien par les autorités que par une partie de la société.
Selon Axel Salheiser, de l’Institut pour la démocratie et la société civile (IDZ), la banalisation du discours raciste et islamophobe explique la résurgence d’une violence d’extrême-droite en Allemagne. ” On le voit à travers cette propagation effrayante de ressentiments antisémites, racistes, antimusulmans au sein de la population “, explique-t-il. ” Il y a aussi les idéologies du complot et cette idée que la migration est nuisible.” On comprend dans ce climat que des personnes d’extrême-droite se radicalisent.
Une menace grandissante
Entre janvier et aoüt 2019, le gouvernement fédéral dénombrait 542 actes de violences d’extrême-droite pour au moins 240 personnes blessées. Selon les statistiques de l’Office fédéral de la protection de la Constitution, l’Allemagne compterait plus de 24.000 militants d’extrême-droite, la moitié étant considérée comme violents.
La tuerie de Hanau vient s’ajouter à une série d’actes de violences mettant en lumière des dysfonctionnements au niveau des services de l’État
Comment juguler cette radicalisation ?
Comment alors convaincre un électorat, qu’il soit politiquement engagé ou pas, de s ́engager pour la démocratie ? Comment le persuader de ne pas croire aux mensonges et théories du complot, de ne pas se laisser séduire par des théories totalement absurdes, complotistes et démagogues ? Qu’elles soient extrémistes, de droite, de gauche ou encore islamistes radicales ?
Un travail de fond est nécessaire qui passe par l’information et le dialogue. Combattre la banalisation, montrer les conséquences du silence que le passé nous a légués. Une chose est sûre, le problème n’est pas uniquement franco-français, c’est un problème de société, c’est désormais aussi un problème en Allemagne.
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