La crise sanitaire actuelle met en lumière de nombreuses difficultés à garantir l’approvisionnement en médicaments.
Or, l’Union Européenne dans son ensemble en a cruellement besoin durant la pandémie du Covid-19.
La France doit-elle néanmoins pâtir de sa dépendance ?
Premier pays européen produisant des médicaments il y a une décennie, la France se classe désormais en quatrième position. Entre 60 % et 80 % des principes actifs (composés nécessaires à la fabrication des médicaments) sont fabriqués hors de l’Union européenne, essentiellement en Chine et en Inde.
La grande question est de savoir comment la Commission Européenne et les gouvernements nationaux vont pouvoir relancer ou transférer depuis la Chine ou l´Inde la production de produits pharmaceutiques essentiels pour garantir la santé des concitoyens européens .
Une relocalisation difficile à mettre en œuvre dans l’après pandémie ?
Les grands groupes pharmaceutiques vont-ils aussi facilement accepter de relocaliser vers l´Europe leurs sites de production depuis l´étranger, Chine, Inde et autres pays hors de l´Union Européenne ?
Dans le secteur pharmaceutique du médicament générique, la majorité des entreprises de ce secteur compte moins de 200 employés. Il s’agit d’un secteur composé à plus de 84% de petites et moyennes entreprises. En fabricant essentiellement en Europe, elles fabriquent et assurent un approvisionnement non négligeable. Elles souffrent aussi non seulement des pressions administratives mais manquent aussi de moyens financiers. Qu’en est-il alors d’une aide financière pour ce secteur ?
La recherche et développement de nouvelles molécules pharmaceutiques ou médicaments nécessite un énorme investissement. Une autorisation de mise sur le marché demande parfois des années. Une homologation des brevets pharmaceutiques est une longue procédure très coûteuse. Les tests cliniques sont exorbitants. Ces charges sont difficiles à supporter. Face à ces difficultés de financement, le rachat de brevets par des groupes pharmaceutiques non-européens, souvent émergeants, ne sont pas rares. Ces entreprises européennes pourront-elles alors bénéficier d’une aide dans le cadre de la relance économique et industrielle ?
Retrouver une certaine indépendance dans l’approvisionnement pharmaceutique.
Une relocalisation locale permettrait une certaine indépendance de l´approvisionnement en produits pharmaceutiques dans l´Union Européenne. Elle relancerait l´activité de ces petites et moyennes entreprises spécialisées depuis plus de 20 ans dans la fabrication de produits génériques. Au-delà mais tout aussi important, elle garantirait les moyens de protection de la santé du citoyen européen.
Cela induit de devoir réfléchir à un assouplissement des procédures d’homologation des brevets. Qui dit souveraineté de l’Union Européenne doit penser aussi à en promouvoir son attractivité et sa souplesse.
Les normes sont imposées par les autorités de contrôle des médicaments sous les directives de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA). Hors raison de coûts de production, il est souvent plus facile d’homologuer un médicament hors de l’Europe de par des chemins décisionnels plus courts et une fiscalité souvent avantageuse. Cela explique en partie notre dépendance aujourd’hui.
Transférer la fabrication et la sous-traitance vers l’Europe
Notre dépendance pharmaceutique aujourd’hui est flagrante : 80 % des médicaments et matières premières pharmaceutiques sont fabriqués ou sous-traités hors Europe.
La relocalisation vers l’Europe est un sérieux axe de réflexion. Elle nécessite un engagement financier énorme et conséquent que seule l’Union Européenne est capable de supporter. Elle exige un engagement politique commun sans précédent qui conduirait vers une indépendance sanitaire et ce, dans le respect du Green Deal européen. Les bienfaits en termes d’employabilité, eux, seront collatéraux et ne pourront donc être que bénéfiques.
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