Notre fils a 10 ans, l’école primaire touche à sa fin. La question de l’orientation de notre enfant aura été rapide et sans appel. Un parent témoigne sur le système scolaire inclusif …
Notre fils n’a pas l’aptitude requise à suivre le rythme soutenu du Gymnasium. Il ne reste alors que l’option du collège (Stadtteilschule).
Le modèle inclusif et son impact comportemental
À la veille de sa rentrée au collège, l’équivalence du CM2, notre fils traîne deux boulets : celui de son handicap de naissance, celui du harcèlement moral et psychologique. Celui subi tous les jours, celui que ses camarades de classe ont pratiqué à son encontre pendant des semaines, des mois. Celui dont nous avons complètement sous-estimé l’impact. Car l’inclusion pour nous était devenue l’exclusion pour lui. Inclusion et exclusion vont de pair, cela, nous l’apprenons sur le tas.
Forts de notre acquis et de notre expérience, nous avions compris les limites de l’inclusion d’un enfant handicapé au sein d’une classe d’enfants dits normaux et identifié les risques de la dissociation sociale. Il n’en reste pas moins que notre souci d’intégrer notre enfant au sein de la société reste au centre de nos préoccupations. Chaque parent partage ce ressentiment à vrai dire, nous ne sommes pas une exception. Maintenir le lien social dans une société moderne s’impose plus que jamais au risque d’une dérive sociale potentielle.
Une rentrée la peur au ventre
Tenter l’intégration passe peut-être par un procédé de normalisation. Être, faire « comme les autres » sont les valeurs que nous retenons dans notre choix. À moyen terme, nous pointons l’autonomie de notre enfant comme but primaire.
Depuis l’été 2016, une école spécialisée propose une nouvelle école de quartier inclusive, une sorte de projet pilote sur Hambourg et sa région. Les élèves, avec et sans déficience auditive, apprennent ensemble dans les meilleures conditions. Ils sont 14 élèves par classe, à parité égale.
Les bâtiments scolaires offrent la meilleure acoustique possible et les conditions d’un apprentissage calme et concentré. Le corps professoral est spécialisé, chaque classe bénéficie d’une double dotation en personnel dans les matières principales. L’apprentissage se fait par l’action, avec des offres individualisées et différenciées.
Notre choix est fait, l’inscription est une formalité car notre enfant est prioritaire. C’est alors seulement à ce moment précis que nous prenons conscience de la structure d’accompagnement qui avait été mise en place autour du handicap de notre enfant.
Quatre ans déjà
Le petit a grandi. Cette peur que nous avions a disparu après plusieurs semaines, Bien sûr, tout n’a pas été rose, loin de là. Le constat et le bilan sont positifs pourtant L’intégration est bien assise, la normalisation est bien ancrée.
Inclusion et insertion peuvent être controversées, trop souvent confondues dans notre société contemporaine avec tolérance et admission. Être supporté sans être reconnu, être reçu sans être incorporé : des appréhensions légitimes pour tous les engagés, pour l’enfant. Alors reconnaissons les efforts de notre société à repenser le mot intégration dès le plus jeune âge. L’école inclusive en Allemagne a beaucoup d’avenir alors.